Le 17 février 1951, plus d’un million de Français défilait, sous la pluie, dans les rues de Paris, derrière le cortège funéraire d’Ambroise Croizat. Ministre du travail et de la Sécurité sociale à la Libération, “ il a fait plus en deux ans pour les travailleurs que les autres en 50 ans” témoignait un anonyme lors de cet hommage populaire. 70 ans après, une large majorité de citoyens ignore qui se cache sous les quelques plaques de rue qui honorent ce patronyme.
Ouvrier métallurgiste à 13 ans, il adhère très vite à la CGT et sera de toutes les luttes pour les droits sociaux de la première moitié du XXème siècle. Secrétaire de la fédération CGT des métaux et député, Croizat est nommé ministre du travail et de la Sécurité sociale à la Libération. Il donne très vite le sens de son combat en imposant une multitude de réformes progressistes.
Au cours des 18 mois de son mandat, il va mettre en place, l’attribution, pour la première fois au monde, d’une prime prénatale, instaurer la médecine du travail, soutenir les centres d’apprentissage, généraliser les retraites, créer les comités d’entreprises... La liste est longue !
Il se battra avec acharnement pour la concrétiser. Ainsi, il imposera la cotisation sociale comme moyen de financement et organisera sa gestion par les travailleurs eux-mêmes.
Il mobilisera le corps militant de la CGT pour créer les structures nécessaires pour en faire bénéficier la population au plus vite. Ces avancées sociales, arrachées en faveur d’un rapport de forces favorable aux travailleurs et à leur famille, n’ont jamais été acceptées par le patronat et les libéraux.
Depuis 75 ans, le patronat, revanchard, organise méticuleusement son détricotage en s’attaquant principalement à son financement et à son mode de gestion. Ce travail de sape a été favorisé par une législation qui a répondu aux sirènes patronales.
Mais même fragilisé, le système de protection social français, a su montrer sa pertinence dans le contexte de la crise sanitaire de la covid, comme lors de la crise financière de 2008.
Considérant que la “Sécurité sociale fait partie du patrimoine vivant de tous les Français” et “est un pilier indispensable à notre République sociale”, élus syndicalistes et intellectuels ont interpellé le président de la République afin qu’Ambroise Croizat, entre au Panthéon.
L’objectif de cette démarche, qui s'accompagne d'une pétition, n’est pas de réparer une injustice.