12 Janvier 2024
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT était l'invitée de France Info ce mardi 9 janvier. L'occasion de revenir sur la politique du gouvernement et le changement de cap urgent qu'il doit mettre en place. (Partie 1/3)
Elisabeth Borne quitte ses fonctions.
Elle part après avoir déposé 23 49.3 à l'Assemblée nationale, après une réforme des retraites imposée en force contre l'opinion, contre la rue, contre le Parlement. Une réforme qui n'était ni nécessaire, ni juste, ni justifiée.
Elle part après une loi sur l'immigration écrite sous la dictée du Rassemblement National.
Le président de la République préfère changer les visages en espérant faire diversion. Personne n'est dupe. (Article paru et publié sur le site de la cgt.fr)
Ce qui intéresse les salarié·es, ce n'est pas le nom du ou de la première ministre, c'est le contenu de la politique qui est menée. Le quinquennat d'Emmanuel Macron est un naufrage et ce n'est pas avec des rustines qu'on va réparer Le Titanic.
Le débat, ce n'est pas le nom du ou de la personne qui va être premier ou première ministre, c'est le contenu de la politique. Et le problème, c'est ce qu'a dit Emmanuel Macron dans ses vœux : "tout va bien, je vais bien, mon quinquennat est extraordinaire".
Il est dans le déni complet de la situation catastrophique du pays et de l'abîme dans lequel il mène le pays.
Dans un moment où il y a des crises majeures en France et à l'international, avec la guerre à Gaza où toutes les dix minutes un enfant meurt. Il faut que la France agisse de façon forte pour exiger un cessez-le-feu, ce qu'elle ne fait pas. En cette période, ne pas avoir de ministre des Affaires étrangères, c'est un problème.
Par ailleurs, il y a des centaines de milliers de personnes qui sont sinistrées dans le Pas-de-Calais. La France a besoin d'un gouvernement qui s'occupe de ces questions là.
Les valeurs fondamentales de notre République sont attaquées par cette loi de la honte :
Cet appel est inédit parce qu'il rassemble des personnalités de bords et d'horizons divers :
Pour ces raisons, nous appelons à marcher très nombreuses et nombreux le 21 janvier prochain pour dire que ce n'est pas cela la France.
Après la saisine du conseil constitutionnel qui statuera le 25 janvier, on peut espérer qu'il y aura le plus grand nombre de mesures possibles de cette loi de la honte qui va être censurée.
Mais ce qui est à craindre et qui est probable, c'est qu'il reste l'essentiel, à savoir une loi qui stigmatise et qui précarise les étrangers qui sont en France, alors que aujourd'hui on a besoin de ces travailleuses et ces travailleurs étrangers.
Pour rappel, en Ile-de-France, c'est presque un quart des emplois qui sont occupés par des étrangers, dans certains secteurs essentiels comme les aides à domicile elles sont 60 % à être étrangères.
Cette loi va les empêcher de vivre avec leur famille, de se projeter à moyen long terme, d'avoir des allocations familiales. Cette loi ne fera pas en sorte qu'il y ait moins d'étrangers en France, les dispositions sociales n'ont pas d'impact pas sur le nombre d'étrangers qu'il y a dans un pays comme le démontrent toutes les études.
En revanche, cela va accentuer la précarisation des étrangers·ères qui vont être en grande difficulté pour pouvoir s'intégrer parce qu'ils vont avoir en permanence des freins, administratifs et juridiques à leur intégration et leur vie quotidienne.
Cet épisode climatique n'a rien d'exceptionnel. C'est normal que l'hiver, il fasse froid. En revanche, le problème est dans le manque d'anticipation des pouvoirs publics et surtout qu'il s'ajoute a une crise profonde du logement social et de l'hébergement d'urgence.
Cette période de grand froid permet de rappeler des chiffres qui sinon sont complètement invisibilisés et dont on ne parle jamais.
Et derrière ces chiffres, il y a des vies et il y a des personnes :
C'est un problème tous les jours, pas seulement le jour où il fait froid. Le gouvernement doit revoir sa politique en matière de logement, relancer la construction de logements sociaux, relancer la mise à disposition d'hébergements d'urgence dans la durée.
Parmi ces 300 000 personnes qui vivent à la rue, il y en a un certain nombre qui sont des travailleuses et des travailleurs. Le problème, c'est que le travail ne permet plus de vivre. Il ne permet plus d'avoir un logement.
Rappelons que ce gouvernement a multiplié les contrôles, la stigmatisation des personnes au RSA et s'apprête à faire une grande réforme du RSA mais ne travaille pas sur le sujet central, à savoir permettre à un tiers des personnes qui sont éligibles au RSA, et qui ne le demandent par méconnaissance de leur droit, de l'obtenir de façon automatique au lieu de se retrouver sans aucun revenu.
Pour la deuxième fois en trois mois, les habitant·e·s du nord de la France sont victimes de graves inondations. La CGT, a mis en place un dispositif de solidarité pour les syndiqué·es qui habitent dans le Pas-de-Calais.
Alors que de très nombreuses entreprises sont fermées du fait de la catastrophe climatique, les salarié·es sont en chômage partiel.
Pour eux, c'est la double peine. Non seulement ils et elles sont victimes d'inondations avec des sinistres à plusieurs milliers d'euros et qu'ils ne sont pas toujours remboursés par les assurances, mais en plus, il y a une perte de salaire du fait du chômage partiel.
Par ailleurs, les pouvoirs publics doivent se demander comment on empêche ce genre de catastrophe environnementale de faire autant de dégâts avec des mesures d'ampleur que le gouvernement ne prend pas du tout puisqu'il agit toujours au service des puissants, des multinationales et qui ne veut pas rompre avec avec ce dogme là.