11 Février 2020
La prise en compte de toute la carrière au lieu des 25 meilleures années et des 6 derniers mois dans le public, les droits familiaux remis en cause, la pension de réversion fragilisée... on vous explique pourquoi les femmes seront perdantes sur cette réforme contrairement à ce que soutient le gouvernement.
Les femmes sont payées 26% de moins que les hommes du fait
On retrouve évidemment ces inégalités à la retraite :
Cette situation continue à se dégrader du fait des réformes passées.
La prise en compte de toute la carrière au lieu des 25 dernières années et des 6 derniers mois dans le public.
Les périodes de temps partiel, d’interruption pour charges familiales ou de chômage ne pourront plus être neutralisées et feront baisser le montant des pensions. Pour s’en faire une idée, il suffit de regarder les écarts de pension F/H dans les retraites complémentaires AGIRC/ARRCO qui prennent déjà en compte toutes les années. A l’AGIRC, les écarts sont de 60%.
Le report indéfini de l’âge de la retraite
Le premier ministre l’a martelé : « il faudra travailler plus longtemps ». Pourquoi ? Parce que le principe de la réforme est de bloquer le financement de notre système de retraite à son niveau actuel, 14% du PIB, alors que la proportion de retraité·es dans la population augmente. Ce sera défavorable pour tout le monde mais plus particulièrement pour les femmes, qui ont déjà des carrières plus courtes : 40% des femmes et 32% des hommes partent aujourd’hui avec une carrière incomplète. Le temps des femmes est encore très différent de celui des hommes : ce sont elles qui s’arrêtent ou limitent leur activité pour élever les enfants ou s’occuper des personnes dépendantes.
Une réforme féministe devrait au contraire :
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Le gouvernement supprime :
À la place, une majoration de pension de 5% par enfant sera attribuée, mais pour l’un des deux conjoint.e.s au choix. Les projections démontrent que cela pénaliserait la majorité des mères, même si c’est elles qui prennent la bonification. Mais la bonification peut aussi être divisée en deux ou prise exclusivement par le père. Certaines femmes pourront donc ne plus avoir aucune compensation de leur maternité, ralentissement et interruptions de carrière alors que les écarts avec les carrières des hommes restent très importants ! Pour les parents de famille de 3 enfants, le gouvernement a été contraint d’annoncer une augmentation de 2% de ces droits, soit une bonification de 7% au 3e enfant à choisir entre les 2 parents au lieu de 10% aujourd’hui pour chacun.
Ces droits seraient financés par l’impôt alors qu’ils le sont aujourd’hui par les cotisations. Ils pourront donc être remis en cause à tout moment, et surtout, pour les ICTAM, placés sous conditions de ressources et plafonnés.
À noter, le montant de ces bonifications ne figure pas dans le projet de loi, mais seulement dans l’exposé des motifs. La définition des pourcentages est renvoyée à des décrets, qui seront pris unilatéralement par le gouvernement. Le problème ? Cela permet au gouvernement de modifier discrètement et quand il le souhaite ces bonifications pour enfants, sans même passer par le Parlement !
Aucune simulation, pire, le gouvernement a retiré de son étude d’impact les cas types de mères de familles qui montraient une baisse de droits importante pour les femmes…
Voir l'article du Parisien : Réformes des retraites : pourquoi les mères ne sont pas si gagnantes
(Voir l’étude de l’Institut de la Protection Sociale )
Les pensions de réversion, dont les bénéficiaires sont à 90% des femmes sont modifiées sur 3 points :
Et bien sûr, toujours pas d’élargissement de la réversion aux couples non mariés et au PACS, alors que certains régimes spéciaux le prévoyaient !
Les départs anticipés sont supprimés
Ceci concerne notamment dans la fonction publique 400 000 femmes (sage-femmes, aides-soignantes, infirmières, …) qui bénéficient de la catégorie active et peuvent partir dès 57 ans. À la place, le « compte professionnel de prévention » (C2P)
Des critères restrictifs et discriminants…
Seuls 6 critères seront désormais pris en compte : les températures extrêmes, le bruit, le travail de nuit, le travail en équipes successives alternantes, le travail répétitif, les activités exercées en milieu hyperbare. Exit le port de charges lourdes, le travail posté etc. Des critères si restrictifs que le compte pénibilité ne bénéficie qu’à 3% des salarié.e.s du privé. Ils sont aussi très discriminants pour les femmes: 75% de ses bénéficiaires sont des hommes
Les seuils d’exposition pour valider des points sont très élevés. Pour les points liés aux températures, il faudrait avoir travaillé 6 mois de l’année (900 heures) dans des températures inférieures à 5°C ou supérieures à 30°C ! Pour partir à 60 ans il faudrait avoir été exposé pendant au moins 25 années à un facteur de risque ou pendant 12,5 années à plusieurs facteurs… Seule inflexion annoncée, le travail de nuit pour lesquels les seuils seraient abaissés.
...permettant au mieux un départ à 62 ans
Le compte pénibilité permet au mieux un départ 2 ans plus tôt. Avec l’instauration de l’âge d’équilibre à 64 ans, le départ sans décote serait seulement à 62 ans !
De l’aveu même du Premier ministre, seules ¼ des aides-soignantes pourraient partir plus tôt, c’est-à-dire à 62 ans, alors qu’aujourd’hui elles peuvent toutes partir à 57 ans !
Rappelons qu’en France :
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La prise en compte de toute la carrière au lieu des 6 derniers mois sera très défavorable aux fonctionnaires, notamment aux catégories A et B, qui, grâce aux grilles, ont des carrières (légèrement) ascendantes. Les femmes représentant 63% des fonctionnaires, elles sont particulièrement concernées.
Mais elles seront encore plus concernées car la « contrepartie » proposée par le gouvernement, la prise en compte des primes, non seulement sera insuffisante à neutraliser ce recul, mais en plus sera très discriminante pour les femmes.
En effet
En global dans la fonction publique, les hommes touchent 1/3 de primes de plus que les femmes.
Le gouvernement prétend que sa réforme sera favorable aux femmes avec 3 arguments
« Il y aura un minimum de retraite à 1000 € »
Il oublie de préciser
« Toute heure travaillée sera validée »
Aujourd’hui, il faut travailler au minimum 150h SMIC pour valider un trimestre de retraite (soit en moyenne 12h/semaine). Le passage à un système par point permettrait de valider toute heure travaillée. Sauf que
« L’âge pivot permettra aux femmes de partir à 64 ans au lieu de 67 ans »
Aujourd’hui, 20% des femmes sont obligées d’attendre 67 ans pour éviter la décote. Ce qui signifie que 80% des femmes partent plus tôt… Aujourd’hui, 60 % des femmes (et 70 % des hommes) partent à la retraite avant 62 ans. Pour la majorité des femmes, l’âge pivot à 64 ans se traduira par une baisse de pension ou par un départ plus tardif… Ajoutons que cet âge pivot est amené à se déplacer automatiquement au rythme de l’espérance de vie, et sera de 65 ans pour la génération 1980 et de 66 ans pour la génération 1990.
Réaliser enfin l’égalité salariale permettre non seulement de mettre fin à une injustice flagrante mais aussi de dégager les ressources nécessaires pour financer notre système de retraites. Augmenter les salaires des femmes, c’est augmenter les cotisations et donc le financement des retraites !
La CGT propose notamment :
Source : http://www.ugict.cgt.fr/articles/references/femmes-retraites