1 Juin 2021
Alors que la France se déconfine progressivement et que sonne l’heure du retour au bureau, un baromètre de la santé psychologique des salarié.es français.es, réalisé en ligne du 30 avril au 10 mai 2021 par OpinionWay, montre une forte souffrance des salarié.es.
Ainsi, 44 % d’entre eux se déclarent en détresse psychologique dont 17 % « élevée », et le taux de dépression nécessitant un accompagnement chez les salarié.es reste à 36 %. « Le taux de burn out a doublé en un an, culminant à 2 millions de personnes en burn out sévère », alerte le cabinet Empreinte Humaine, commanditaire de cette enquête. Et les travailleurs.es qualifié.es et en responsabilité ne sont pas épargné.es par cette souffrance et cette détresse. Les managers sont même les plus exposé.es avec 52 % d’entre eux en détresse psychologique. De plus, le burn out les « concerne 1,5 fois plus » que le reste des salarié.es. Chez les télétravailleur.es aussi le taux de détresse psychologique est élevé, puisque cela concerne 46 % d’entre eux, contre 40 % de leurs collègues en présentiel.
(Article paru et publié sur le site de l'ugictcgt.fr)
Ces chiffres sont préoccupants alors que se profile une nouvelle étape du déconfinement le 9 juin pour laquelle la ministre du Travail souhaite qu’il y ait plus de télétravail. « On veut redonner des marges de manœuvre aux entreprises pour qu’il y ait un nombre minimum de jours en télétravail, ce sera dans la discussion entre les directions et les représentant.es des salarié.es, ce n’est pas la direction seule qui décide », a insisté Élisabeth Borne.
Une nouvelle fois le gouvernement exhorte les interlocuteurs sociaux en les renvoyant à l’Accord national interprofessionnel de 2020 que la CGT a refusé de signer car il n’est « ni prescriptif, ni normatif et, ainsi, non contraignant pour les employeurs. Or, pour la CGT, un accord national interprofessionnel doit imposer des règles strictes, applicables dans toutes les entreprises ».
D’ailleurs, selon une précédente étude du cabinet Empreinte Humaine, 75 % des salarié.es considèrent que les accords en entreprise ne protègent pas des durées excessives de travail et ne garantissent pas le droit à la déconnexion.
Cet encadrement du télétravail et la conquête de nouveaux droits sont plus que jamais nécessaires. Notamment parce qu’en dépit de la souffrance, que l’étude réalisée par l’Ugict-CGT au printemps 2020, avait déjà mis en évidence, le télétravail expérimenté dans l’urgence, l’impréparation et souvent sur un mode dégradé, est aussi un mode d’organisation largement apprécié.
Ainsi, un autre sondage OpinionWay pour Le Parisien ce mercredi 26 mai 2021, indique que 74 % des salarié.es en télétravail veulent pérenniser ce mode de travail, sur le format « à la carte ». Et un peu plus de la moitié des salarié.es interrogé.es appréhende le retour à la normale, au bureau ou ailleurs, même s’ils sont 60 et 70 % à considérer que ce retour en présentiel est nécessaire autant pour la cohésion d’équipe que pour le relationnel.
Cette aspiration que la CGT de l’encadrement a mise en lumière depuis plusieurs années se trouve donc aujourd’hui au cœur du débat. Un an après une étude qui fait aujourd’hui référence par l’ampleur du panel des répondants (35 000 travailleurs de l’encadrement), l’Ugict-CGT a lancé une nouvelle enquête nationale. D’ici à la fin de cette semaine, le 6 juin, les ingénieurs, cadres, techniciens et professions intermédiaires vont pouvoir répondre à un questionnaire en ligne et partager leur vécu de cette année. Et fin juin, les résultats seront rendus publics dans un nouveau rapport détaillé afin d’interpeller gouvernement et patronat.
Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT
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